Il y a des jours où rien ne fonctionne pour le président Joe Biden. Le 46e Le président des Etats-Unis a ainsi vu, jeudi 13 janvier, la Cour suprême bloquer l’obligation de vaccination qu’il entendait imposer aux entreprises de plus de cent salariés. Et la réforme électorale qu’il soutient est menacée au Sénat, torpillé plus tôt dans la journée par un élu démocrate.
En milieu d’après-midi, dans un premier arrêt, la Cour suprême a bloqué la décision du 46e président d’imposer le vaccin contre le Covid-19 dans les entreprises de plus de cent salariés. En revanche, dans une seconde décision, elle a validé l’obligation de vaccination pour les salariés des structures de santé qui bénéficient de fonds fédéraux.
Après des mois à tenter de convaincre les réticents, Joe Biden a annoncé en septembre sa volonté de rendre la vaccination obligatoire pour plusieurs catégories de salariés. Cette mesure a été aussitôt dénoncée comme un abus de pouvoir par les élus républicains et par une partie du monde économique.
La Cour suprême a tranché en leur faveur, du moins en ce qui concerne les quelque 84 millions de personnes employées dans des entreprises de plus de 100 salariés. L’administration leur a donné « Ordonné de se faire vacciner contre le Covid ou de subir des tests chaque semaine, à ses frais. Ce n’est pas l’exercice quotidien du pouvoir fédéral, mais une intrusion dans la vie et la santé d’un grand nombre de salariés », écrit-elle dans son jugement.
La décision a été prise à la majorité de six magistrats sur neuf, tous conservateurs, les trois juges progressistes de la Cour exprimant leur opposition. Ces derniers ont en revanche reçu le soutien de deux de leurs confrères conservateurs pour sauver l’obligation vaccinale dans les centres de santé, qui concerne environ 20 millions de personnes.
Joe Biden a fait de la lutte contre la pandémie une de ses priorités mais fait face à une épidémie de contamination par la variante Omicron. Les États-Unis, où seulement 62 % de la population est totalement vaccinée en raison de divisions politiques très marquées sur la question, ont enregistré à ce jour plus de 845 000 décès.
Le président américain Joe Biden a publié une déclaration après la décision de la Cour suprême : « Je suis déçu que la Cour suprême ait choisi de bloquer une requête de bon sens, qui pourrait sauver des vies », maïs « Je continuerai d’utiliser ma plate-forme présidentielle pour appeler les employeurs à faire ce qu’il faut pour protéger la santé des Américains et l’économie », il a écrit.
Risque d’échec au Sénat
Le président risque aussi de voir échouer une vaste réforme électorale protégeant l’accès au vote des Afro-Américains. Joe Biden a promis de protéger l’accès des minorités aux urnes et la transparence des opérations de vote, face à une multitude de réformes entreprises par les États conservateurs, notamment dans le sud du pays. C’est pour cette raison qu’il a rejoint, jeudi, les élus démocrates au Sénat, pour les rallier autour de son projet.
Mais avant même de quitter la Maison Blanche, Kyrsten Sinema, sénateur de l’Arizona, est monté à la tribune et a pour l’instant anéanti tout espoir de faire passer cette législation présentée comme l’héritière des grands. luttes pour les droits civiques dans les années 1960.
L’élu, un démocrate centriste, n’est pas contre la législation elle-même. Mais elle s’oppose à la procédure parlementaire imaginée par l’état-major démocrate et la Maison Blanche pour briser la barrière de l’opposition républicaine. Sans sa voix, dans un Sénat où le camp démocrate a 51 voix, et les républicains 50, le projet est voué à l’échec.
Pour faire passer cette loi au Sénat, il faudrait en théorie 60 voix, pour se conformer à une pratique parlementaire très ancrée. Cette « Règle de l’obstruction systématique », censé encourager la modération et le dialogue au-delà des lignes partisanes, donne un énorme pouvoir de blocage à l’opposition, surtout lorsque le rapport de force parlementaire est aussi tendu qu’il l’est aujourd’hui.
Les démocrates n’ont qu’une solution pour sauver leur réforme électorale : briser cette pratique parlementaire et passer en force à la majorité simple. C’est ce passage en force que Kyrsten Sinema ne veut pas. Cela ne ferait qu’alimenter le « La spirale infernale de la division », a estimé l’élu, dans une intervention extrêmement solennelle.
Kyrsten Sinema et Joe Manchin
Depuis son investiture ou presque, Joe Biden bute régulièrement sur Kyrsten Sinema et un autre sénateur démocrate, Joe Manchin. Ces deux modérés sont sceptiques quant aux grands projets du président démocrate, qu’ils jugent trop interventionnistes, trop coûteux, trop centralisés, trop idéologiques.
En décembre, Joe Biden s’est retrouvé exactement dans la même position qu’aujourd’hui : devoir mobiliser sans exception toutes les voix de sa majorité au Sénat autour d’un programme de dépenses sociales très ambitieux. Après d’interminables discussions, c’est Joe Manchin, à lui seul, qui a fait échouer ce projet de 1750 milliards de dollars peu avant Noël.
La seule issue désormais pour Joe Biden serait de convaincre certains élus républicains de le suivre sur la réforme électorale. Mais cela semble illusoire, tant les conservateurs sont vexés, à la fois contre le contenu de la loi et contre la méthode parlementaire. Leur leader au Sénat, Mitch McConnell, a accusé jeudi le président de s’engager dans une voie « Scandaleux et qui divise ».
Un autre revers serait extrêmement difficile pour Joe Biden, déjà très impopulaire, et qui pourrait bien perdre totalement le contrôle du Congrès après les élections de mi-mandat à l’automne.