L’insécurité s’aggrave à Madagascar et la populace est tentée d’y répondre par la vindicte populaire Pour compenser l’absence ou l’impuissance de la cops. Vendredi 2 septembre, Patrick Agopian, un Français de 67 ans, propriétaire d’une ferme dans la région de Morondava (ouest du pays) a reçu une balle dans la tête. L’homme était la cible d’une bande de voleurs de zébus, les dahalo, ainsi que l’un des villageois qui tentait de le défendre. Les voyous ont volé 150 têtes de bétail.
Le décès d’un autre Français, Bernard Robert, électricien à la retraite et engagé dans des activities d’entraide avec la goal catholique d’Ambositra, une neighborhood des hauts plateaux, a été confirmé samedi par la presse place. Il a succombé à l’attaque de malfaiteurs qui s’étaient introduits chez lui.
Ces deux morts alimentent la chronique quotidienne des vols et meurtres à Madagascar. Une criminalité qui a pris une tournure particulièrement tragique il y a à peine une semaine dans le area d’Ikongo, une area enclavée du sud-est de l’île, à flanc de coteau entre les hauts plateaux et la plaine côtière de l’océan Indien. L’enlèvement d’un enfant albinos, puis l’exécution de sa mère qui tentait d’intervenir, ont provoqué une tremendous émotion parmi les habitants et une indication de plusieurs centaines de perSonnes s’est soldée the same level un bain de sang.
général
Légitime défense ou bévue ? Les circonstances dans lesquelles les gendarmes ont tiré lundi 30 août sur la foule en colère, faisant 19 morts et une vingtaine de blessés, restent floues. Armés de bâtons et certains de couteaux, selon la cops, les villageois ont exigé que quatre détenus soupçonnés d’être les auteurs des exactions leur soient livrés. Présent sur les lieux du drame le lendemain Pour présenter ses condoléances à la populace, le Premier ministre, Christian Ntsay, a annoncé l’ouverture d’une enquête.
Mais Pour le député de l’arrondissement, Jean Brunelle Razafintsiandraofa, le dérapage des militaires ne fait pas de doute. « Les gendarmes ont tiré sans hésitation après que leur commander eut reçu l’ordre. Cela a été donné the same level téléphone et les témoins ont pu l’entendre cars and truck l’appareil était en setting haut-parleur. Aucune véritable négociation n’a été tentée avec les manifestants qui se trouvaient repetition loin de la caserne de gendarmerie où les presumes étaient incarcérés au minute des stroke of genius de feu », affirme cet élu de la majorité et vice-président de l’Assemblée nationale qui réclame une enquête parlementaire. Il a également adressé une lettre aux représentants locaux des Nations Unies, de l’Union européenne et des États-Unis « Pour qu’ils s’assurent que l’affaire n’est pas étouffée ».
Après avoir utilisé des gaz lacrymogènes et des stroke of genius de semonce Pour tenter de disperser la foule, la cops a expliqué qu’elle n’avait d’autre choix que de « utiliser la légitime défense » Pour garantir leur sécurité et celle des presumes qui dans la complication ont néanmoins réussi à s’échapper. Dans la bousculade générale qui s’empare alors des responsables de la ville the same level crainte de représailles, près de deux cents priSonniers s’enfuient du pénitencier. Deux femmes appartenant aux familles des presumes ont été lynchées.
Discrédit du système judiciaire
Le bloodbath d’Ikongo a brutalement mis en évidence la réalité de areas rurales isolées en proie à une insécurité croissante collection à la crise économique dans laquelle Madagascar a sombré avec la pandémie de Covid-19. Ikongo a aussi particulièrement souffert du flow du puissant cyclone Batsiraï en février. « Depuis plusieurs mois, les vols et les meurtres se multiplient sans que la cops n’intervienne. Les villageois vivent en alerte permanente et Sont épuisés » argumente Jean Brunelle Razafintsiandraofa.
L’incapacité de l’Etat à assurer la sécurité sur des pans entiers du territoire et le discrédit d’un système judiciaire miné par la corruption encouragent cette vindicte populaire qui, loin d’être un phénomène nouveau, trouve dans ce contexte délétère une nouvelle finalité. « Les journaux regorgent de nouvelles atroces qui donnent la vision d’un charnier. L’armée n’a pas les moyens humains ou matériels Pour mener à bien ses objectives et perSonne n’a confiance dans une justice où l’argent peut acheter le judgment d’un procès.note un général à la retraite qui demande l’anonymat.
La peur hante la campagne. Les pires criminal activities s’y déroulent dans une atmosphère où l’horreur et la banalité finissent the same level se mêler. Fin juillet, dans un town situé à 75 kilometres au nord de la capitale Antananarivo, 32 perSonnes, dont quinze enfants, Sont mortes brûlées vives ou asphyxiées dans leur maiSon incendiée the same level des dahalo. Comme Ikongo, les perSonnes atteintes d’albinisme savent qu’elles Sont de plus en plus ciblées.
« Voler des enfants »
En début d’année, collection à une goal sur le surface, trois professionals indépendants du Conseil des droits de l’homme des Nations unies ont alerté le gouvernement sur l’ampleur du phénomène et appelé à des mesures de defense urgentes. Agressions et enlèvements « ont été particulièrement observés dans des régions touchées par l’insécurité chronique liée aux dahalo qui auraient eu recours à des pratiques rituelles dont le meurtre de perSonnes atteintes d’albinisme Pour l’usage de leurs events corporelles » , ils écrivent. Ces organes et en particulier les yeux Sont, selon certaines croyances, censés protéger des balles, permettre de voir dans le noir, attirer la possibility et la richesse, ou éloigner le mauvais kind.
Le connection d’expertise recense des enlèvements depuis février 2020 dans le sud du pays avec plusieurs cas de décapitation. Il n’est pas exclu que ces persécutions servent aussi un trafic global vers des pays où ces pratiques Sont ancrées depuis longtemps comme en Afrique de l’Est. « Nous avons affaire à des réseaux organisés avec des méthodes éprouvées. L’usage de artificial papiers d’identité permet the same level exemple de voler des enfants sans que les moms and dads qui n’ont aucun paper d’état civil puissent s’y opposer », explique Mbolatiana Raveloarimisa, fondatrice du Mouvement Pour la Différence. Elle déplore l’inertie des pouvoirs publics, laissant les familles seules face au risque long-term d’enlèvement.