L’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna), organisme de gestion des espaces aériens d’une grande partie du continent, a signalé aux autorités maliennes une violation de leur espace par un avion militaire français, un – a-t-on appris des autorités aériennes maliennes mercredi 12 janvier.
Ce rapport réalisé mardi par l’Asecna pose la query de l’influence sur les opérations militaires non seulement françaises mais aussi internationales de la fermeture par le Mali de ses frontières aériennes – et terrestres – en représailles à des sanctions ouest-africaines similaires.
Dans un communiqué publié mercredi soir, le gouvernement malien affirme avoir « A dénoncé cette violation de l’espace aérien du Mali aux autorités françaises qui ont, par ailleurs, décidé de soutenir les sanctions de la CEDEAO, qui incluent la fermeture des frontières terrestres et aériennes de ses pays membres avec le Mali ».
Le gouvernement malien « Décline toute responsabilité relative aux risques auxquels pourraient s’exposer les auteurs de ces pratiques, en cas de nouvelle violation de notre espace aérien », ajoute le communiqué.
Vols entre la sous-région et le Mali
La France, militairement engagée au Mali et au Sahel, mais aussi la pressure onusienne au Mali (Minusma) effectuent en permanence des vols entre la sous-région et le Mali, pour des ravitaillements et des opérations.
Interrogée par l’AFP, une supply militaire française à Paris a déclaré : « À ce stade, nous n’avons reçu aucune indication officielle concernant d’éventuelles restrictions aériennes. « En outre, « Nous sommes liés par des accords de défense ».
« Toutes les procédures ont été suivies. L’avion a soumis un plan de vol qui a été approuvé par les autorités maliennes. Et comme l’exige la procédure suivie à chaque fois, à l’entrée de l’espace aérien malien, le transpondeur est basculé en mode de fonctionnement militaire. Pour nous, il n’y a pas de sujet », a ajouté la même supply. La mission de l’ONU a indiqué à l’AFP que jusqu’alors les opérations de la Minusma n’avaient pas été affectées.
L’Asecna a informé mardi l’aviation civile malienne qu’un Airbus A400 de transport avait violé le même jour l’arrêté malien de suspendre les vols entre les États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et le Mali, indiquent des paperwork publiés sur les réseaux sociaux.
Dérogations possibles
Le PDG des aéroports du Mali, le colonel Lassina Togola, a indiqué à l’AFP que ces paperwork étaient authentiques. L’avion a fait l’aller-retour entre Abidjan (Côte d’Ivoire, voisin du Mali) et Gao (Mali), où l’armée française dispose d’une importante base, précisent les paperwork.
L’Asecna affirme qu’elle n’avait pas été informée auparavant de l’existence du vol. L’appareil est entré en contact avec les centres de contrôle de Ouagadougou (Burkina Faso) et de Niamey (Niger) qui lui ont rappelé l’interdiction d’entrée dans l’espace malien, détaillent les paperwork. La Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Niger sont tous membres de la CEDEAO.
L’appareil a coupé le contact avec les centres de contrôle et a poursuivi sa route, rapportent les fichiers de l’Asecna. Lorsqu’on lui a demandé si cela signifiait que les vols militaires français mais aussi ceux de la Minusma en provenance des pays de la CEDEAO étaient concernés par l’interdiction malienne, le PDG des aéroports du Mali a répondu que « Les frontières sont fermées aux pays de la CEDEAO, donc (…) les avions ne peuvent pas venir au Mali en provenance de ces états ».
« Toutefois, par dérogation, une autorisation peut être accordée à la demande du transporteur », a-t-il ajouté, sans préciser si les dispositifs de la pressure anti-jihadiste française ou ceux de la Minusma bénéficiaient d’une dérogation.
La CEDEAO, entre autres mesures, a ordonné dimanche la fermeture des frontières de ses Etats membres avec le Mali pour sanctionner le projet de la junte de rester au pouvoir plusieurs années après deux coups d’Etat. Le Mali a en retour ordonné la fermeture de ses frontières.
L’Asecna n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP. Plusieurs compagnies aériennes civiles de la région ont suspendu leurs vols vers le Mali.
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