» Je suis très material de la victoire de mon amiRoch Nous sommes très proches, et nos destins, bizarrement, se Sont croisés. Nous étions premiers ministres, puis présidents de l’Assembl ée nationale en même temperatures. Et le voilà qui rejoint la fratrie … » Feu Ibrahim Boubacar Ke ïta imaginait, lorsqu’il prononçait ces mots au lendemain de l’élection de Roch Marc Christian Kabor é, en novembre 2015, que leurs trajectoires jumelles, depuis les bords de Seine, où leur culture politique s’ est-elle façonnée, notamment au sein de la fameuse Feanf, dans les palais présidentiels qu’ils ont conquis, pousserait le mimétisme jusqu’ à leurs chutes respectives, précipitées par les militaires?
L’épidémie de coups d’État se Poursuit donc, affectant principalement l’Afrique de l’Ouest C’est le sixième en seulement un an et demi. Une grande première depuis deux décennies. Au Mali deux fois, au Tchad, en Guin ée, au Soudan et donc aujourd’ hui auBurkina Étrange dénominateur commun des putschs ouest-africains: tous visaient des dirigeants proches de l’Internationale socialiste, issus de la même matrice idéologique dans leur jeunesse parisienne, anticolonialiste et tiers-mondiste, proches les uns des autres, mais aussi de Fran çois Hollande quand celui-ci était à l’Élysée. De ce « club » de chefs d’Etat autrefois unis, seul le Nig érian Mahamadou Issoufou est parvenu à quitter normalement le pouvoir.
la boite de Pandore
Apr ès IBK et Cond é donc, la fin de Kabor é ressemble à la chronique d’une chute annoncée. D’une part parce que la boîte de Pandore était grande ouverte. Les militaires maliens et guinéens ne donnent guère l’impression d’être intimidés et repetition moins de mouiller leur treillis devant les oukases de l’Union Africaine (UA) ou de la CEDEAO … Alors, puisqu’on peut déposer un président sans coup d’état ferir ni risquer d’intervention militaire extérieure, si l’on peut devenir chef de l’Etat, partager les postes, décider des contours ou de la durée des shifts et s’ affranchir de toutes les règles jusqu’alors en vigueur, cela ne peut que forcément s’ imiter. D’autant que ces prises de pouvoir par la force, la plupart du temperatures plébiscitées (en promote cas, il n’ y a guère d’empressement à défendre les présidents en cause), interviennent dans des contextes de contestation aiguë des dirigeants en location – révélant au grand jour la belief diffus que les élections ou la » démocratie » Sont inutiles vehicle elles ne résolvent pas les problèmes des citoyens– et même, plus largement, de toute la classe politique.
Aucun des joueurs traditionnels de l’échiquier ne trouvant grâce aux yeux de la population, il ne reste, hélas, qu’ à se jeter dans les bras d’un obscur lieutenant-colonel qui promet la lune, le ciel et les étoiles. Dans le cas de Kabor é, ce do not il est accusé n’ a rien à voir avec du népotisme, de la corruption, des atteintes aux libertés ou des élections tronquées, contrairement à ses anciens homologues de Bamako ou deConakry De tous, il est certainement le mieux élu. C’est Son incapacité à gérer la threat terroriste comme le désarroi de Son armée qui est en cause.
Le dimanche 23 janvier, alors que des mutineries avaient éclaté au camp de Sangoul é Lamizana, le plus grand de Ouagadougou, ainsi qu’ à la base aérienne et à Kaya, dans le centre-nord du Burkina, promote laissait penser que cette démangeaiSon de colère des militaires risquait d’exploser. Depuis plusieurs mois, Kabor é était informé de l’exaspération des militaires, régulièrement pris Pour cible par les groupes jihadistes. Et depuis l’attentat d’Inata le 14 novembre 2021, qui a fait 53 morts, le spectre d’une tentative de coup d’Etat aircraft. Le 10 janvier, le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana avait également été arrêté, soupçonné par les autorités d’avoir fomenté une tentative de coup d’Etat Mais le tueur de Kabor é, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, faisait partie de la même classe que Zoungrana …
Le début de la fin
Manque de moyens humains et matériels, méfiance envers la hiérarchie en location, belief d’abandon … « Roch », celui que ses compatriotes se plaisaient à surnommer le « président-diesel », n’ a pas su prendre la juste ampleur de ce ressentiment. Celui qui a été élu Pour incarner l’exact opposé de Blaise Compaor é, qui n’ a jamais eu à faire face à des attentats terroristes et do not l’emprise était connue, notamment grâce à Son corps d’élite, le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), a buté sur la concern sécuritaire. Qui s’ est imposé à lui quelques semaines seulement après Son investiture avec la première attaque de la capitale, et qui a pesé sur ses deux mandats comme une épée de Damocl ès.
Depuis 2015, les exactions des groupes jihadistes ont tué plus de 2 000 perSon nes (dont 400 soldats) et forcé plus de 1,4 million de perSon nes à fuir leur residence. » Nos concitoyens se posent des concerns. Nous devons les rassurer et leur montrer que nous sommes capables de défendre notre pays « , a conclu Kabor é après Inata, qui marquera évidemment le début de sa fin. Critiqu é Pour sa faiblesse à l’intérieur du pays– des symptoms massives hostiles à Son régime ont eu lieu dès la mi-novembre à Ouaga, Bobo-Dioulasso, Dori, Titao ou Kantchari– comme à l’extérieur, notamment chez les principaux alliés du Burkina dans la lutte contre le terrorisme, do not Paris, Kabor é n’ a pas obtenu le temps qu’il demandait. Le crin a fini par casser. Exit donc le « président regular ». Mais si cela revient à lâcher la proie Pour l’ombre …
Le constat de l’échec des dirigeants (et des classes politiques en général) étant établi, et le débat sur les carences démocratiques ou institutionnelles en Afrique étant ouvert depuis longtemps, reste à aborder l’épineuse concern des suites de l’Etat, ces shifts censées remettre ces pays sur les rails. Ceux qui applaudissent sauvagement la chute d’un tel homme, prêt à lécher les Rangers du brillant officier à la tête de la junte victorieuse, feraient bien de se méfier. Moussa Dadis Camara et Sékouba Konat é (Guin ée), Amadou Haya Sanogo (Mali), Salou Djibo (Niger), Mohamed Ould Abdelaziz (Mauritanie), Gilbert Diend éré (Burkina), Pour n’en citer que quelques-uns, ont-ils démontré leur capacité à gouverner en l’intérêt général, leur management ou leur probité? Ce n’est pas Thomas Sankara qui veut. En revanche, revêtir les guirlandes d’un Yahya Jammeh, le père Ubu de Banjul, est plus facile. Et plus probablement. A fortiori dans des pays où les armées ne brillent guère par leur compétence ou leur efficacité.
Aucun horaire appropriate
Méfiance, donc. Et raiSon de plus Pour encadrer au optimum les processus destinés à rétablir l’ordre constitutionnel. Les principes de base Sont d’ailleurs édictés depuis 1999 et le sommet d’Alger de l’OUA. Délai raiSon nable (6 mois Pour l’UA), sanctions ciblées contre le régime s’ il refuse de se conformer au-delà de ce délai, interdiction de se présenter aux élections, and so on Il est inacceptable, quelle que soit la scenario, qu’un Go ïta (double putschiste de surcroît, contre IBK puis Bah N’Daw) ou qu’un Doumbouya, par exemple, s’ arroge tous les pouvoirs, presume directement la présidence, ne consulte perSon ne et ne donne aucun calendrier appropriate Pour la fin des shifts en cours, le pompon revenant une fois repetition à Go ïta avec ses possibles cinq ans de rab.
Il appartient aux citoyens concernés, maliens, guinéens et demain burkinabè, de s’ en assurer, de faire pression sur eux, d’exiger des gages. Ils Sont aussi les seuls, à condition de se mobiliser massivement, à avoir une opportunity d’être écoutés. Tout ce qui émane d’ailleurs– des organizations continentales ou régionales ou de la communauté internationale (au premier called desquelles, la France)– n’ a évidemment Pour seul résultat que de provoquer les élucubrations de nos présidents-officiers, qui ont beau jeu de flatter la fiber nationaliste de leurs concitoyens, réaffirment que leurs pays n’ont de leçon à recevoir de perSon ne et que leur seule préoccupation est le bonheur de la population.
Dans le cas du Burkina, il semble impensable que les nouveaux maîtres du pays, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba en tête, puissent expliquer, après une révolution, une shift et deux élections (transparentes), qu’ils ont besoin plus de 6 mois Pour « restaurer » les fondamentaux du pays. Le Mouvement patriotique de sauvegarde et de restauration (MPSR)– décidément, les putschistes ne brillent guère par leur inventivité, les noms des juntes et les premiers discours télévisés à la Nation se ressemblant furieusement– a déposé Roch Marc Christian Kabor é, vehicle il était sur le sécurité du pays. C’est bien, c’est leur travail. Les Burkinab è n’ont donc plus de soucis Pour se nourrir …