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La violence ne faiblit pas dans le nord-ouest du Nigeria, comme le rappellent les attaques les plus récentes dans l’État de Zamfara. Entre le mercredi 5 janvier et le jeudi 6 janvier 2022, plusieurs centaines d’hommes, armés et à moto, ont pris d’assaut une dizaine de villages, pillant, incendiant des maisons et tirant à vue sur des habitants terrorisés. Cette tenue sauvage, qui a visé les quartiers d’Anka et de Bukkuyum et a duré près de 24 heures, a fait au moins 200 victimes, selon les témoignages de rescapés.
Ce nouveau bloodbath, condamné par les autorités, a marqué les esprits, mais il est loin d’être un cas isolé. Le 17 octobre 2021, une attaque contre le marché de la ville de Goronyo, dans l’État de Sokoto, a fait quelque 120 morts. Dans la même région, quelques jours plus tôt, ceux que l’on surnommait « Bandes » au Nigeria ont encerclé un marché dans le district de Sabon Birni et tiré sporadiquement sur des foules avant de dévaliser les étals. Au moins trente personnes ont été tuées.
En novembre 2021, des hommes armés ont également tué 13 personnes et capturé 17 autres dans le district de Batsari, situé dans l’État de Katsina… Mais le bilan de ces événements sanglants est souvent difficile à appréhender, et rarement confirmé par les autorités. les autorités.
Dans le nord-ouest du pays, il existe au moins une centaine de gangs armés. Certains comptent une dizaine de membres, d’autres plusieurs centaines, tantôt sédentaires, tantôt mobiles, se déplaçant au gré des abus. « Il y a de vrais seigneurs de la guerre dans la région, mais aussi une multitude de petites bandes autonomes, dirigées par de très jeunes hommes, presque des adolescents », décrit James Barnett, un chercheur affilié au Hudson Institute de Washington DC, qui a approché et interrogé plusieurs bandits au cœur de leur territoire.
« Explosion de violence »
Selon lui, l’attentat meurtrier des 5 et 6 janvier n’a probablement pas été mené par un grand chief, mais plutôt par une alliance de groupes secondaires. « Ce ne sont pas particulièrement bien organisés. Ils peuvent opérer de manière autonome au jour le jour, puis se mettre sous les ordres d’un baron native auquel ils sont fidèles », poursuit James Barnett.
Du fait de cette organisation protéiforme, il n’est pas facile d’analyser les motivations de ces groupes. Mais les observateurs s’accordent à dire qu’ils sont probablement plus motivés par la cupidité que par n’importe quelle idéologie. « Rien ne dit qu’il y a une stratégie derrière ce déchaînement de violence », tranche de James Barnett.
D’autres consultants évoquent la possibilité de représailles de la half de ces groupes criminels, lorsque l’armée nigériane a lancé en septembre une vaste opération militaire dans le nord-ouest du pays. Les manœuvres se sont d’abord concentrées dans l’Etat de Zamfara – cœur du banditisme dans cette partie du Nigeria – avant de s’étendre aux Etats voisins de Katsina, Sokoto et Kaduna et à l’Etat du Niger.
Ces derniers mois, les bandits ont donc été contraints de se déplacer pour échapper aux bombardements de l’armée de l’air nigériane, qui a enregistré quelques victoires, en éliminant, par exemple, deux importants cooks de gangs sur le 1euh Janvier. La obscure d’enlèvements a aussi largement perdu de son intensité. Et de nombreux otages ont retrouvé leur liberté ces derniers mois, alors que la première partie de 2021 a été marquée par une litanie d’enlèvements de masse dans les écoles, lycées et universités du nord-ouest.
Le bombardement aérien ne suffit plus
« Il est doable que les attaques dans les quartiers d’Anka et de Bukkuyum soient liées à l’intervention militaire, mais ce n’est pas clair », reconnaît Nnamdi Obasi, analyste pour l’ONG Worldwide Disaster Group. En tout état de trigger, l’opération conjointe de l’armée et de la police représente une tour » 360 degrés « (à 180 plutôt ?) selon l’knowledgeable, par rapport à la stratégie initiale de certains gouverneurs locaux, convaincus qu’une sortie de crise passerait nécessairement par la négociation de redditions.
Plusieurs amnisties ont été signées début 2021 dans les États de Zamfara ou de Katsina, mais les cessez-le-feu n’ont jamais duré très longtemps. En revanche, le gouverneur de l’Etat de Kaduna a toujours été un fervent défenseur de la voie dure, exigeant depuis des mois le bombardement systématique des forêts du nord-ouest, repaire de nombreux bandits.
Sauf que cette méthode montre aujourd’hui ses limites. « Ces groupes sont très dynamiques et ils ont prouvé leur capacité à conduire de grandes opérations, mais aussi à innover en permanence », souligne Idayat Hassan, directeur du Centre pour la démocratie et le développement en Afrique de l’Ouest, à Abuja.
Face à des groupes multiples et très mobiles, les bombardements aériens ne suffisent pas. « Pour gagner cette guerre, il faudrait mettre plus de forces sur le terrain et mener des actions simultanées, plutôt que des opérations ponctuelles », martèle Idayat Hassan. « Pour l’immediate, les bandits reviennent systématiquement après l’intervention de l’armée et redoublent de violence sur place », elle observe. Le manque d’effectifs et de moyens des forces de sécurité nigérianes n’organize rien, même si le président Muhammadu Buhari affiche sa détermination à lutter contre ceux qu’il appelle « Meurtriers de masse ».
Le 5 janvier, les autorités ont officiellement qualifié les « bandits » de « terroristes » afin de durcir les sanctions contre les auteurs des attentats, leurs partisans ou leurs informateurs. Nnamdi Obasi s’inquiète de cette nouvelle désignation concernant « Des groupes fluides qui se mêlent souvent à la inhabitants et vivent parfois au sein même des communautés », – tout en admettant que le terme « banditisme » n’est plus approprié.
De même, la possibilité d’utiliser les avions de fight Tremendous Tucano, livrés fin août par les Etats-Unis, pour écraser cette rebel pose query. « Nous avons vu que les frappes aériennes n’avaient eu que des effets limités. En les intensifiant, on risque vraiment de faire des victimes collatérales », s’alarme l’analyste. De nombreux civils ont été victimes de la même stratégie de bombardements militaires dans l’État de Borno, au nord-est du Nigeria, en proie à l’rebel des djihadistes de Boko Haram depuis plus d’une décennie.