Les huit diplomates russes expulsés par l’OTAN en octobre 2021 étaient des espions de premier plan. L’épisode avait aggravé la crise entre l’organisation transatlantique et Moscou. Le site du journal en ligne indépendant UE Observer, En relation avec Dossier Center, l’ONG basée à Londres de opposant Vladimir Poutine, Mikhaïl Khodorkovski, ancien patron du groupe pétrolier Ioukos, emprisonné de 2003 à 2013, a dévoilé, lundi 10 janvier, les noms de ces huit personnes.
La plupart étaient liés aux plus hautes autorités de l’État à Moscou. En tête, Alexandre Smouchko, lieutenant-colonel du GRU, le service de renseignement militaire, qui a notamment été l’interprète du ministre de la Défense Sergueï Choïgou et du chef d’état-major des armées Valeri Guérassimov.
Selon l’enquête, Dmitri Filippenok était un officier supérieur du FSB, le service de renseignement intérieur russe, membre de l’unité en charge du district militaire de l’Ouest. Vasily Epishkin, lieutenant de réserve à l’Institut de l’aviation de Moscou, était un spécialiste de l’intelligence artificielle et du big data (big data). Il travaillait pour le service de renseignement étranger. Son collègue Sergueï Chesnokov avait un profil similaire et avait travaillé pour une entreprise publique créant des bases de données pour le FSB et le ministère de la Défense.
Stanislav Teleguine et Oleg Demekhine ont étudié à l’Institut d’État pour les relations internationales de Moscou, connu pour être un foyer de recrutement d’espions. Nadejda Obukhova, ancienne attachée d’ambassade au Canada et « conseillère » à Bruxelles, a la particularité d’avoir reçu un cadeau personnel de M. Poutine en 2006. Son collègue Igor Kovalev était, pour sa part, employé au ministère des Affaires étrangères avant d ‘être envoyé à l’OTAN.
Coup de colère russe
L’expulsion de ces huit personnes avait entraîné en octobre la fermeture du Conseil OTAN-Russie, qui est pourtant convoqué mercredi 12 janvier, pour la première fois depuis 2019. Les ambassadeurs auprès de l’Alliance atlantique doivent évoquer la crise ukrainienne sur le veille d’une réunion de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe à Vienne.
On croyait, en 2021, que les autorités russes avaient utilisé les expulsions comme un simple prétexte pour mettre fin à ce canal de communication et mieux dénoncer les « ligne agressive « Occidentaux. On comprend désormais, en détaillant le profil des « diplomates » expulsés, que la colère de Moscou résultait aussi de la découverte de ce réseau.
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