Ils seront 16 entraîneurs, sur les 24 présents sur le sol camerounais, à diriger leur propre équipe nationale dont ils ont, pour la plupart, défendu les couleurs au plus haut niveau en tant que joueur avant de donner la parole depuis les coulisses.
Jamais dans l’histoire de la Coupe d’Afrique des nations, on n’a vu une experience locale valorisée à ce stade. En 2019, nous étions déjà fiers de voir 9 coachs africains concourir pour le coup d’envoi de la CAN en Egypte. Longtemps cantonnés aux postes d’entraîneurs adjoints chargés de donner une garantie indigène aux parieurs sur des sorciers venus d’ailleurs, les entraîneurs africains savourent leur revanche, dans un contexte particulier où sept de leurs collègues (dont cinq européens) ont pourtant été licenciés. avant le début de la section finale de cette CAN, après avoir remporté la qualification il y a quelques mois.
Aujourd’hui, si les trois quarts des entraîneurs sont originaires du continent, on ne saurait cautionner la nette affect du bilan très positif de leurs meilleurs ambassadeurs ces dernières années : l’Algérien Djamel Belmadi et le Sénégalais Aliou Cissé. Finalistes en 2019 après avoir balayé le Franco-Allemand Gernot Rohr (Nigeria) et le Français Alain Giresse (Tunisie) en demi-finale, Belmadi et Cissé ont certainement donné un sign fort qu’ils pouvaient être choisis sans que ce soit par défaut. Leur parcours aura été une excellente publicité pour le savoir-faire native. Il s’agira donc de voir s’il ne s’agit pas d’une easy mode mais d’une réelle envie de faire confiance au produit d’ici.
FRANCE PERTE DE VITESSE
Autre remarque : la présence des coachs français a rarement été aussi faible. Il n’y en aura que trois, Patrice Beaumelle à la tête de la Côte d’Ivoire, Didier Gomes sur le banc des Mourabitounes de Mauritanie et Patrice Neveu, information des Panthères du Gabon.
Il ne faut pas non plus oublier que le passage d’une CAN à 24 équipes a aussi grandement contribué à l’set up des techniciens africains. Certaines sélections, n’ayant pas les moyens de filer un gros chèque à un technicien venu d’ailleurs pour diriger, pour tout casser, une dizaine de matches par an, se contentent de locaux, qui peuvent être licenciés au moindre hoquet,
sans bruit ni crainte de poursuites judiciaires pour rupture abusive de contrat, mais avec la possibilité de pouvoir opérer une relance politique en cas de succès, avec tout un discours sur la confiance dans l’experience locale.
BELMADI, CISSÉ, MAGASSOUBA, MALO… POUR RÉHABILITER STEPHEN KESHI FIRE
Sans faire la effective bouche, on peut vraiment chanter cette confiance quand on atteint un niveau où la norme sera de choisir un entraîneur africain – pas forcément nationwide – au détriment d’un autre sur la base, uniquement, de ses compétences. . En 2022, feu Stephen Keshi doit faire des émules à travers le continent. Le brillant technicien nigérian a réussi l’exploit de qualifier le Togo pour la Coupe du monde 2006 au détriment du Sénégal du Français Man Stéphan, avant de devenir prophète à domicile en menant son pays, le Nigéria, au sacre continental 2013, devenant ainsi le deuxième Africain à s’imposer. la CAN en tant que joueur et entraîneur, après l’Egyptien Mahmoud El-Gohary. Ce n’était malheureusement pas suffisant pour lui donner le crédit qu’il aurait vraiment mérité pour son brillant parcours quand les sorciers d’Europe sont portés au pinacle pour bien moins cher, avec surtout le privilège du droit à l’échec.
Près de 10 ans après avoir succédé au tout aussi brillant Hervé Renard, vainqueur avec la Zambie (2013) et la Côte d’Ivoire (2015), la légende Keshi est presque effacée de la mémoire collective. Belmadi a superbement repris le dessus en remportant brillamment le trophée en 2019 avec son Algérie. Cissé marche en quelque sorte sur ses traces en accumulant les information de longévité et de participation sur le banc sénégalais. Il y en a d’autres qui méritent d’être à l’honneur. Kamou Malo fait un travail remarquable avec les Etalons du Burkina Faso, tout comme Mouhamed Magassouba avec le Mali. Il y a aussi ceux qui n’ont pas forcément une massive sélection sous la essential mais qui parviennent à donner à leurs équipes des émotions extraordinaires comme une première qualification en CAN. Baciro Kandé enchaîne avec la Guinée-Bissau tandis qu’Amir Abdou voit son pays, les Comores, goûter pour la première fois de son histoire aux délices d’une CAN.
Babacar Ndaw FAYE
Envoyé spécial au Cameroun
8 janvier 2022
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