récit« Des rivaux au pouvoir » (1/6). « Le Monde » revient, dans une série en six épisodes, sur les événements clés de l’histoire tumultueuse entre la Chine et les États-Unis. Il y a cinquante ans, en février 1972, le président chinois recevait Son homologue américain à Pékin, rétablissant des relations diplomatiques rompues depuis plus de vingt ans.
C’est l’histoire de deux dirigeants, un américain et un chinois. Ils Sont ennemis et tout s’oppose à eux. Mais ces deux-là, trahissant tous les deux leur famille politique, décideront d’une quasi-alliance qui changera la face du monde – du moins d’ici la fin du XXe siècle.et siècle. Le 21 février 1972, le froid pince fort et le ciel est gris à midi lorsque le Boeing du président Richard Nixon, 59 ans, anticommuniste acharné, atterrit à l’aéroport de Pékin, l’un des épicentres du communisme. global.
Le leader républicain est l’invité du révolutionnaire Mao Zedong, 79 ans. Grand timonier d’une Chine qu’il soumet à des expériences collectivistes meurtrières, Mao est aussi l’animateur, à l’étranger, de la lutte contre l’impérialisme américain. Nixon descend seul l’échelle des logementsAir Force Oneen dessous de laquelle attend le Premier ministre, Zhou Enlai, le mandarin le plus civilisé au service du régime communiste.
Pour la première fois en vingt ans, alors que les deux pays n’ont pas de relations, un orchestre de l’armée chinoise joue le Sbannière pailletée de goudron, l’hymne national des États-Unis. L’Empire du Milieu accueille celle du dollar, tandis que les murs de la ville portent encore, en anglais et en chinois, les slogans d’hier : « A bas l’impérialisme américain et ses chiens de garde ! » »
Pour mesurer la transgression – on dirait aujourd’hui la « perturbation » – ce que représentent ces journées de février 1972, il faut remonter en arrière. En 1949, la victoire des communistes de Mao dans la guerre civile qui déchire la Chine entraîne une rupture des relations sino-américaines. Washington est du côté des perdants, les nationalistes de Chiang Kai-shek. Ceux-ci, repliés sur l’île de Taïwan – à l’époque, elle s’appelait encore Formose -, assurent que leur République de Chine (RC) reste l’unique dépositaire de la souveraineté nationale chinoise. Ceux qui établissent la République populaire de Chine (RPC) prétendent le contraire et, à différentes occasions, bombardent la première – sans succès.
« Euréka »
Les États-Unis font de Taïwan un porte-avions américain. Ils déplacent leur « ambassade de Chine » à Taipei. La seule représentation chinoise à Washington devient celle de Taïwan. Mao s’est rangé du côté de l’URSS dans la guerre froide Pour former ce bloc communiste qui faisait face à un bloc occidental dirigé par les États-Unis. L’un des chapitres les plus sanglants de ce conflit mondial se déroule en Asie : Moscou et Pékin soutiennent le Nord-Vietnam dans la guerre contre le Sud-Vietnam, aux côtés de laquelle l’armée américaine est engagée.
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