Entre la Russie et les États-Unis, il y a l’Union européenne (UE). Et au cœur de celui-ci se trouve l’Allemagne. Logiquement, Berlin devrait donc occuper une place centrale dans l’intense séquence diplomatique du début d’année, où ce qui est en jeu, à travers le sort de l’Ukraine, n’est rien de moins que la sécurité du continent. Européen.
Pour que l’Allemagne joue ce rôle, cependant, il lui faudrait une politique claire vis-à-vis de la Russie. Cependant, ce n’est pas le cas. Depuis son élection le 8 décembre 2021, le nouveau chancelier, Olaf Scholz, est très silencieux sur la question. Selon le quotidien Bild, cependant, ce pouvoir discrétionnaire serait trompeur. Dans un article du lundi 3 janvier, le tabloïd conservateur affirme que M. Scholz recherche un » nouveau départ « dans les relations germano-russes et qu’il entend prendre le dossier directement en main, reléguant à un rôle supplémentaire sa ministre des Affaires étrangères, l’écologiste Annalena Baerbock, partisane d’une politique de fermeté vis-à-vis du Kremlin. Selon Bild, une première rencontre bilatérale entre le nouveau chef du gouvernement allemand et le président russe, Vladimir Poutine, serait prévue fin janvier.
Si la Chancellerie n’a pas confirmé cette information, elle a néanmoins été largement commentée dans la presse allemande, qui se demande en quoi cet appel à un » nouveau départ « dans les relations entre Berlin et Moscou alors qu’il n’y a pas de consensus au sein de la coalition « feux de circulation » dirigée par M. Scholz.
« J’ai du mal à voir quelle forme pourrait prendre ce nouveau départ. Pour le moment, il n’y a rien de substantiel, rien de concret. Ce qui est vrai pour la Russie l’est aussi pour la politique étrangère de l’Allemagne en général, qui n’est pas très stratégique, pas très conceptuelle et essentiellement réactive., explique Stefan Meister, responsable du programme « ordre international et démocratie » à la DGAP, un groupe de réflexion berlinois spécialisé dans l’étude des relations internationales. « D’un autre côté, Scholz a une façon très minimaliste de communiquer, il est donc difficile de savoir ce qu’il pense vraiment », il ajoute.
« Nouvelle Ostpolitik »
Pour M. Scholz, cette idée d’un « reset » des relations germano-russes n’est pas nouvelle. « Nous avons besoin d’une nouvelle Ostpolitik », avait-il déjà déclaré à Deutsche Welle, en août 2021, en référence à la politique de l’ancien chancelier social-démocrate (SPD) Willy Brandt (1969-1974), visant à normaliser les relations avec l’URSS. Dans cet entretien publié un mois avant les législatives du 26 septembre 2021, le candidat du SPD à la chancellerie n’avait pourtant guère avancé sur le contenu de cette « Nouvelle Ostpolitik », se contentant de dire que la Russie devait accepter que « C’est la force de la loi qui s’applique et non la loi du plus fort ». « Une phrase typique d’un social-démocrate allemand : quand il veut faire plaisir à son électorat, il lui parle d’une nouvelle Ostpolitik », commente Stefan Meister.
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