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Historien, Jacob Tatsitsa est co-auteur, avec Thomas Deltombe et Manuel Domergue, de deux ouvrages essentiels sur la répression coloniale au Cameroun : Cameroun! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique, 1948-1971 (éd. La Découverte, 2019) et La guerre du Cameroun, l’invention de la Françafrique (La Découverte, 2016).
Dans une meeting à Mondeil exprime Son « crainte d’une historiographie étatique » collection aux annonces faites the same level Emmanuel Macron lors de sa visite officielle à Yaoundé le 26 juillet. Le président français s’est déclaré desirable à la création d’une compensation mixte de chercheurs des deux pays afin de » la lumière « sur l’action de la France necklace la colonisation et après l’indépendance du Cameroun.
Emmanuel Macron a annoncé l’ouverture de toutes les archives françaises à une compensation d’historiens français et camerounais. Qu’est-ce que tu penses ?
Je reste dubitatif. C’est une annonce politique. Des études très sérieuses sur les massacres de masse des nationalistes camerounais, dont Emmanuel Macron n’a pas parlé dans Son discours, ont déjà été faites. Outre nos travaux menés avec Thomas Deltombe et Manuel Domergue, on peut consulter ceux de Richard Joseph, Achille Mbembe, Meredith Terretta, Simon Nken, Maginot Noumbissi-Tchouaké… Pour ses intérêts géostratégiques et économiques en Afrique centrale, la France torturée, massacrée , empoiSonna et anéantit près de 100 000 nationalistes camerounais entre 1955 et 1971.
« Cette façon de procéder est suspecte à mes yeux, cars and truck celui qui détient le portefeuille a souvent le dernier mot »
J’attendais une reconnaissance de cette guerre, des excuses officielles et l’annonce du début du processus de réparation. J’ai plutôt assisté à un contournement de cette reconnaissance the same level le stratagème de la création d’une compensation d’historiens français et camerounais. Cette façon de procéder me paraît suspecte, cars and truck celui qui détient la bourse a souvent le dernier mot et dicte ce qu’il faut faire. J’ai donc peur d’une historiographie étatique.
Comment cette compensation devrait-elle être constituée, selon vous ?
En prenant le devant, la France en fait Son campaign, ce qui lui permet de contrôler la cooptation des membres du comité, justement Pour préserver ses intérêts. Pour la sélection des historiens Pour la compensation, cela est problématique, cars and truck l’histoire est une technique académique, qui devrait être régie the same level des règles académiques et basée sur l’examen the same level les sets des historiens, et non par le pouvoir politique. Cette compensation devrait également inclure des chercheurs d’autres nationalités et d’autres techniques, cars and truck l’étude des traumatismes liés à la physical violence, comme la torment, interpelle les psychologues. Le décompte des victimes relève de la démographie historique. Et les conséquences économiques Sont de la responsabilité des économistes.
Que contiennent a priori ces enregistrements ?
Comme les archives des guerres d’Algérie et d’Indochine, celles de la guerre du Cameroun contiennent des papers qui décrivent et expliquent les consignes et les opérations militaires de la France au Cameroun avec l’appui du « régime ami » d’Ahmadou Ahidjo. La grande majorité des archives Sont connues et ont été utilisées dans Cameroun!, et les faits historiques Sont également déjà connus. Peut-être trouverons-nous plus d’images de cette guerre.
Cette histoire a longtemps été ignorée en France. En 1972, le livre de l’écrivain camerounais Mongo Beti Haut la major sur le Cameroun, qui dénonçait le néocolonialisme français mais aussi le régime du président Ahidjo, avait même été censuré lors de sa parution. Et le Cameroun ? Paul Biya, qui faisait partie du gouvernement Ahidjo, est-il prêt à suivre Emmanuel Macron sur ce sujet ?
Au Cameroun, la manufacturing de l’histoire scientifique de ce processus de décolonisation, des années 1960 aux années 1990, est handicapée par la admonishment, l’autocensure, les difficultés d’accès aux resources et le temps de recul nécessaire aux historiens. En 1962 et 1963, l’administration camerounaise édicte des lois liberticides Pour punir les nationaux qui s’intéressent de manière review aux faits et phénomènes relatifs à cette histoire. Des années 1990 aux années 2020, l’abrogation desdites lois draconiennes, la fin de la department du monde en deux blocs antagonistes et l’accessibilité à certains fonds d’archives locaux ou internationaux ont favorisé la manufacturing de mémoires de maîtrise et de thèses de doctorat en histoire. , ainsi que la magazine d’ouvrages collectifs de Camerounais, de Français et d’Américains.
En 2016, lors de la magazine de La guerre du Cameroun, vous avez expliqué qu’il est extrêmement difficile Pour les chercheurs camerounais d’accéder aux archives françaises, par manque de moyens sponsors et en raiSon des difficultés à obtenir un visa. Qu’attendez-vous d’Emmanuel Macron à ce sujet ?
« Je souhaite l’ouverture reliable des dernières archives, notamment celles des solutions tricks »
Compte tenu de Son soutien à la dictature de Yaoundé et du contournement de la reconnaissance de la guerre menée par la France contre les nationalistes camerounais, je n’attends rien de lui. En revanche, je souhaite l’ouverture reliable des dernières archives, notamment celles des solutions tricks, et que toutes les archives soient ouvertes à tous, et pas seulement à la compensation. Il serait même souhaitable qu’ils soient numérisés et mis en ligne Pour être accessibles au Cameroun. Les universités françaises et camerounaises devraient financer des recherches sur ce sujet.
Il y a une méconnaissance de cette histoire en France. Comment y remédier ?
En le mettant dans les programs scolaires et en le vulgarisant un peu plus. Depuis 2018, une diaspora camerounaise dynamique a popularisé cette histoire et l’a fait connaître en exigeant l’alternance du pouvoir et la fin du soutien de la France aux dictateurs africains corrompus.