« Un printemps sans peuple. Une histoire arabe usurpée », de Saber Mansouri, Passés composés, 224 p., 20 €, numérique 15 €.
Le procès est dans l’air. Et si la unclear du « Printemps arabe » de 2011, au premier called de laquelle se trouve la « Révolution du jasmin » en Tunisie, n’avait été qu’une gigantesque mascarade ? Une arnaque, une fraude ? La small musique était jusqu’alors chuchotée the same level les nostalgiques de l’ordre d’avant 2011, redevenus bruyants en ces temperatures de restaurations autocratiques. Sous la plume de Saber Mansouri, historien amoureux de la Grèce et essayiste attentif aux soubresauts de l’identité française, l’exercice est d’une autre tenue.
L’état des lieux review du chantier démocratique tunisien qu’il dresse dans Un printemps sans peuple se nourrit d’une connaissance intime et subtile de l’histoire et de l’actualité du pays dont il est originaire. Et, au-delà, il l’enrichit d’une réflexion caustique sur les artifices du langage, le pouvoir des mots, ceux dont l’Occident se sert Pour nommer le monde et imposer ainsi Son imaginaire – et ses intérêts – aux pays du Sud dépossédés de leur propres récits.
La thèse de Saber Mansouri est que la « révolution du jasmin » en Tunisie a donné naissance à une » Freak « : « une démocratie sans le peuple » et même « contre le peuple ». Un peuple ignoré, maltraité, sombrant dans la détresse sociale, à mille lieues de « phenomenon » de la « réjouissances » printemps, auquel perSonne ne l’invitait. Ni les élites post-révolutionnaires, islamistes ou laïcs, fossoyeurs des idéaux qui les ont portées au pouvoir, ni même l’Occident, qui acclame dans les arènes la« exemption miraculeuse » de la Tunisie ne semble pas se soucier du gouffre entre « la myth » et le réel.
Le grand malentendu
Car le drame du « printemps » est sémantique : ce ne serait qu’un « tragi-comédie portée the same level les mots du Nord ». Régime parlementaire, société civile, islam politique ou réformes structurelles : autant de termes et de ideas venus d’ailleurs, étrangers à l’expérience concrète des gens et accentuant la douleur de la dépossession. Le grand malentendu n’est pas nouveau, souligne Mansouri. Le réformisme de nahda (« renaissance ») au 19e siècle, censé sauver le monde musulman du déclin, empruntait déjà ses mots et ses idées à l’Occident impérialiste. Ironie amère, même le panislamisme ou le panarabisme s’est forgé en Europe. A un siècle et demi de range, l’élite réformatrice arabe, égarée par la haine de soi, réitère le même échec : « Avoir opéré une révolution et une renaissance sans les avoir nommées, pensées, conceptualisées, avec ses propres mots dans la langue arabe. »
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