Découvrant que le rayon papier toilette a été cambriolé, comme aux premières heures de la pandémie, Michael Mason, un retraité qui fait ses courses dans un supermarché de Sydney début janvier, lève les yeux au ciel. « Les gens sont stupides », grogne-t-il avant de pousser son chariot vers le fond du magasin. Mais là, même déception. Le rayon viande est à moitié vide. Et cette fois-ci, ce n’est pas parce que les clients, craignant d’éventuelles ruptures de stocks, ont fait des réservations, mais parce que la grande distribution est confrontée à des problèmes d’approvisionnement, notamment en produits frais. Depuis les vacances de Noël, l’augmentation des arrêts maladie due à la déferlante d’Omicron a perturbé la plupart des secteurs d’activité en Australie et le phénomène s’amplifie.
Pénurie de main-d’œuvre
Dimanche 9 janvier, l’île-continent, qui a tourné la page du zéro Covid à l’automne, après avoir échoué à éliminer la vague Delta, a enregistré un nouveau nombre record de cas avec 99 651 tests positifs sur l’ensemble du territoire. Au total, l’État de Nouvelle-Galles du Sud à lui seul, avec ses 5 millions d’habitants, compte 234 066 cas actifs. C’est là que la nouvelle souche s’est installée, dès les premiers jours de décembre, mais personne ne s’attendait à ce que dans quelques semaines, une explosion massive de contamination force des centaines de milliers de travailleurs, directement ou indirectement touchés. par le coronavirus, pour s’isoler. Plusieurs grands patrons ont tiré la sonnette d’alarme ces derniers jours. Les principales chaînes de supermarchés devraient composer, dans certains centres de distribution, avec 30 à 50 % de leur masse salariale en moins, un niveau critique. Tout aussi inquiétant, le syndicat des travailleurs du transport a annoncé mercredi qu’entre un tiers et la moitié de ses chauffeurs de camion sont actuellement en panne quotidiennement.
« Nous sommes tous dans le même bateau », déplore David Flynn, propriétaire de deux restaurants sur la côte est australienne. « Le 4 janvier, j’ai dû fermer un de mes établissements, Rick Shores, faute d’employés. Mon deuxième restaurant reste ouvert mais je dois constamment changer notre carte car nos fournisseurs manquent également de moyens. Sans parler des clients malades qui annulent sans cesse », soupire ce patron.
« L’Australie est confrontée à l’une des augmentations les plus spectaculaires du nombre de cas dans le monde. Aucun secteur d’activité n’est épargné. Même si le pic arrive fin janvier, comme certains l’espèrent, je ne pense pas qu’il faille s’attendre à une amélioration significative de la situation pendant au moins deux mois », dit l’économiste Jim Stanford, directeur du Center for Future Work. Comme les épidémiologistes, il reproche au gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud d’avoir trop tardé à prendre des mesures sanitaires et d’avoir tout misé sur le taux de vaccination record de sa population ; près de 93 % des plus de 12 ans ont reçu au moins deux doses. Le nouveau Premier ministre de l’État, Dominic Perrottet, catholique pratiquant qui prône « Responsabilité individuelle », attendu le 24 décembre pour imposer même le port obligatoire du masque à l’intérieur.
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