Frappez fort, en espérant que la violence du coup conduira les effrontés à de meilleures intentions. C’est en substance la stratégie adoptée dimanche 9 janvier par les cooks d’Etat d’Afrique de l’Ouest pour contraindre le colonel Assimi Goïta, le chef de la junte malienne, et son gouvernement de transition à céder la place à un président élu bien plus vite qu’ils n’entendent.
Réunis à Accra, la capitale ghanéenne, pour un huitième sommet consacré au Mali depuis le coup d’État d’août 2020, les présidents et représentants des pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont en effet fortement renforcé les sanctions déjà prises. en décembre contre les autorités de Bamako. Parmi la batterie de nouvelles mesures annoncées « Avec utility immédiate » : la fermeture des frontières terrestres et aériennes avec le Mali ; la suspension de toutes les transactions commerciales, à l’exception des produits de première nécessité, médicaments, produits pétroliers et électricité, et le gel des avoirs du Mali à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest dans toutes les banques commerciales de la région.
Si sa levée « Graduel » est conditionné à « La finalisation et la mise en œuvre d’un échéancier acceptable et approuvé », ce bannissement diplomatique et blocus économique pour permettre un retour à l’ordre constitutionnel paraissait inexorable. La dernière tournée régionale du chef de la diplomatie malienne pour tenter d’arracher la clémence de ses voisins ou encore l’offre de dernière minute d’Assimi Goïta, afin de » maintenir le dialogue et la bonne coopération avec la CEDEAO », de céder son pouvoir à un président élu dans quatre ans plutôt que dans cinq, n’ont été d’aucune utilité. Les cooks d’État ont dans leur communiqué jugé « Totalement inacceptable » le calendrier qui leur avait été proposé fin décembre 2021, considérant qu’il « Cela signifie simplement qu’un gouvernement militaire de transition illégitime prendra le peuple malien en otage pour les cinq prochaines années. »
Le choix des mots n’est pas anodin dans une région qui se croyait à l’abri du putsch et qui en moins de dix-huit mois a vu deux jeunes officiers renverser d’anciens présidents « Élu » au Mali puis en Guinée. Elle reflète à la fois la volonté des présidences ouest-africaines de limiter au plus vite ce retour des militaires sur la scène politique, ainsi que leur exaspération particulière envers le chef de la junte malienne et le gouvernement qui l’entoure.
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