Pour analyser. Quelques jours de repos à Chequers, la résidence de campagne des premiers ministres britanniques, et une nouvelle coupe de cheveux n’auront rien fait : Johnson aborde très mal l’année 2022. Il est déjà rattrapé par les scandales. Le leader est sommé de s’expliquer sur des messages envoyés en 2020 à un donateur du Parti conservateur, Lord Brownlow : il lui demande s’il peut continuer à financer la redécoration de son appartement de fonction au 10 Downing Street et semble accepter, en retour, d’envisager La suggestion de M. Brownlow d’organiser un « grand spectacle ». Le lundi 10 janvier, la chaîne ITV a publié un e-mail du secrétaire particulier de M. Johnson à une centaine de personnes, les invitant à une soirée « BYOB » (par « Apportez votre propre bouteille », « Apportez votre propre bouteille »), à Downing Street Gardens, le 20 mai 2020, en plein confinement. Boris Johnson et sa future épouse (à l’époque sa fiancée) y ont participé, assurent plusieurs sources.
Gestion aléatoire de la crise sanitaire
Les deux derniers mois de 2021 ont été calamiteux pour cet homme politique atypique, jovial et maladroit, à qui le grand public semblait jusqu’alors tout pardonner, y compris sa gestion aléatoire de la crise sanitaire (avec 150 000 décès liés au Covid-19, le Royaume-Uni détient un triste record d’Europe). Le Premier ministre a suivi une série de faux pas en décidant des hausses d’impôts impopulaires, tentant de sauver un ami du Parlement pris en flagrant délit de lobbying ou refusant de reconnaître l’existence des partis de Downing Street en violation apparente des règles sanitaires. La sanction électorale a été immédiate : à la mi-décembre, le Parti conservateur a subi un échec cuisant lors d’élections partielles dans l’un de ses fiefs. Et le Parti travailliste est désormais en tête des sondages.
La chute de popularité de M. Johnson est si brutale que son avenir immédiat semble menacé. Porté par sa victoire aux élections législatives fin 2019, il a perdu la confiance de ses troupes : les élus conservateurs, qui jusque-là avaient fermé les yeux sur ses fautes – l’opportunisme, le peu de souci du détail, le rapport élastique en fait – doute désormais de sa capacité à mener le parti à une quatrième victoire d’affilée en 2024. Mercredi 12 janvier, Douglas Ross, le leader des conservateurs irlandais, a même appelé le Premier ministre à démissionner, après cela. Ce dernier a reconnu plus tôt avoir a assisté à une fête pendant le confinement. Les médias de droite se sont retournés contre lui, et les candidats à sa succession, la ministre des Affaires étrangères Liz Truss, et le chancelier de l’Échiquier, Rishi Sunak, se bousculent.
Vous avez 54,84 % de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.