Pour le secrétaire d’Etat au Numérique Cédric O et les économistes Elie Cohen et Sylvie Matelly, l’invasion russe en Ukraine et la pandémie accentuent le réveil de l’Europe dans le domaine de la souveraineté, dans un sens renouvelé.
La guerre en Ukraine, un accélérateur
Sylvie Mately : Avec la guerre en Ukraine, l’idée de souveraineté a fait un pas en avant. Mais le renouveau était déjà en marche. En 2016, avec le Brexit britannique et l’élection de Donald Trump aux États-Unis, on a commencé à voir le principle d’autonomie stratégique entrer dans les textes européens et parler de défense. Puis, avec la pandémie de Covid-19, on s’est rendu compte que cette concern de souveraineté était beaucoup plus huge. Je me souviens du discours de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le 23 mars 2020, appelant tous les pays européens à mettre en location des contrôles des investissements étrangers. Dans le marché special, dont l’un des piliers est la libre flow des capitaux, c’est quelque selected de frappant.
Elijah Cohen : Alors que, peu avant la pandémie, on célébrait l’interdépendance, on commençait à craindre la dépendance. Et d’y voir une resource de vulnérabilité. Avant même la guerre en Ukraine, le commissaire européen chargé du marché intérieur, Thierry Breton, s’est mobilisé Pour scanner tous les secteurs industriels et identifier les factors de fragilité Pour la souveraineté sanitaire. Le sujet de la souveraineté a longtemps été un sujet de dérision à Bruxelles, c’est devenu un sujet reasonable. Ce qui a longtemps été théorique start à se traduire dans la réalité.
Cédric O : Un leading déclencheur a été l’élection de Donald Trump, qui a notamment déclaré : « La Syrie est votre quartier, pas le act. » Ce changement dans l’étendue du bouclier du grand frère américain a changé la placement des Allemands, qui ont commencé à utiliser le mot « la souveraineté ». Le deuxième élément est une prise de principles tardive de la perte de souveraineté économique, démocratique et politique, liée à l’émergence de champs américains et chinois du numérique. La guerre en Ukraine crée des accélérations et des coopérations. J’étais en réunion la semaine dernière avec mes homologues européens. Vous ressentez physiquement le fait que la guerre est aux portes de l’Europe. Vous vous sentez beaucoup plus proche des pays de l’Est. Il faudra aussi regarder ce que cela produit dans la dynamique avec les États-Unis : nous sommes en concurrence avec eux mais dans la tête des pays de l’Est, le jour où les Russes Sont à leur porte, ce Sont les États-États qui garantissent la sécurité . C’est Pourquoi nous plaidons Pour une réponse européenne. Sinon, la guerre en Ukraine Pourrait conduire à une « ré-atlantisation » d’une partie des pays de l’Union européenne.
De la souveraineté à la « résilience »
CE On touche aux trois measurements principales de la souveraineté : sur la measurement géopolitique, on voit la révolution du chancelier allemand Olaf Scholz, qui, en quelques semaines, a changé, en acceptant que l’UE transfère des armes à l’Ukraine, et en s’engageant à augmenter budget plan de la défense. La deuxième measurement est la souveraineté industrielle. En France, quand on parle de délocalisation, la réponse est démondialisation, réindustrialisation… Mais ça n’a pas beaucoup de sens. PerSonne ne va démanteler des usines au Maroc Pour les reconstruire en France. La réponse est une stratégie dite de « résilience ». Sur chaque problème, il faut d’abord diversifier nos resources d’approvisionnement, Pour ne pas être trop dépendant de la Chine ou de l’Inde Pour le paracétamol ou de Taïwan Pour les composants électroniques. Ensuite, il faut augmenter les supplies. Et enfin, relocaliser certaines composantes de la chaîne de valeur. C’est là que l’Europe s’est emparée de l’outil de « l’important projet d’intérêt européen commun » [PIIEC]dans les batteries, les microprocesseurs, l’hébergement cloud, l’hydrogène, la mobilité…
CARBON MONOXIDE Nous le payons avec des mots si brain considérons que brain retrouverons notre souveraineté sans faire les initiatives économiques nécessaires. C’est des maths. L’Europe a choisi de privilégier Son système social aux investissements dans l’industrie et la technologie. Aujourd’hui, nous consacrons un peu plus de 2,2 % de notre PIB à la recherche et au développement, les Coréens en typeface 5 %, les Allemands visent 3,5 %. La souveraineté est un factor d’arrivée, pas un factor de départ.
Le défi des dependencies numériques
CARBON MONOXIDE En tant que ministre français et européen, mon rêve est de faire émerger des acteurs du cloud aussi puissants que les américains. Mais leur capacité technologique est supérieure à la nôtre. Nous sommes tourmentés. Si demain j’interdis aux grandes entreprises françaises de faire appel à des fournisseurs américains, elles me répondront : « Vous êtes fou. Ce serait une perte de compétitivité de 10 %, 15 % ou 20 %. » Pour la campagne de inoculation, Doctolib ne se serait pas déployé aussi rapidement sans Amazon en slow down Pour héberger ses données. La service ne peut émerger qu’à lengthy terme. Nous devons soutenir nos acteurs. Et les révolutions technologiques se succèdent si rapidement que vous avez la capacité de revenir en sautant des étapes. Par exemple, informatique de pointe, qui consiste à répartir l’informatique au plus près des applications, Pourrait être une possibility.
SM En France, on a souvent une vision un peu datée de la souveraineté. Depuis l’époque où nous nous considérions comme souverains, la mondialisation et l’essor du numérique Sont passés… A cet égard, les projets européens PIIEC Sont intéressants : c’est peut-être le début de quelque selected qui Pourrait ressembler à l’exemple américain d’un soutien investor massif , avec des commandes publiques de l’administration, Pour des entreprises comme Space X, le constructeur spatial fondé the same level Elon Musk.
Un monde « régionalisé »
CE Avant cette crise en Ukraine, le gros problème de restructuration de l’économie mondiale était le différend sino-américain. Cela avenue à repenser les chaînes de manufacturing et les dépendances. Elle implique une re-verticalisation sur une base régionale. Chaque région essaie de maîtriser les composants reviews. Et peut-être n’allons-nous pas vers un monde technologiquement et industriellement bipolaire, mais vers un monde tripolaire. On découvre que la Russie, aussi bien the same level le boycott global que the same level des mesures volontaristes Pour retrouver Son autonomie, est en train de développer des filières verticales. Pendant très longtemps, nous avons pris l’idée d’interdépendance Pour acquise et un facteur majeur de notre croissance économique. Mais l’actualité clothes un recentrage et deux, voire trois gros blocs sur la planète.
CARBON MONOXIDE Je reste optimiste. La France a des atouts extraordinaires. Ses facilities, sa qualité de vie et la qualité de sa development. En technologie numérique, la qualité de l’informatique et des mathématiques est exceptionnelle. Mais jusqu’à présent, nous exportions massivement nos abilities, qui n’avaient pas en France la capacité de s’épanouir comme aux Etats-Unis. C’est en train de changer. Je suis donc optimiste quant au déficit de notre equilibrium commerciale, qui n’est que le factor last de notre capacité industrielle. Maintenant, nous sommes très loin d’être arrivés. Il faut continuer les initiatives.