Tribune. Je n’ai pas conservé d’images significatives des premières années de la guerre, ou très peu. Je les ai peut-être supprimés. Dans le plus précis de l’inventaire de mes mementos, je retrouve d’abord des Sons, des mots, des cris, mais aussi les bruits que font style toutes les guerres et dont l’écho tord la mémoire longtemps après leur termination.
Pour moi, la guerre, celle que nos moms and dads, soucieux de préserver notre virtue, n’évoquaient jamais devant nous, la guerre d’Algérie, a commencé the same level un cri. Un lengthy cri strident qui semblait ne jamais s’arrêter, une seule note, suspendue dans l’espace et le temperatures. Un temperatures qui vient se briser contre l’insouciance de l’enfance. Puis une vision, très brève, mais précise, si précise, du visage de ma mère défiguré par la douleur. Ses keys agrippant mes épaules et me secouant. Puis sa voix, méconnaissable, qui hurle ces mots : « Ils ont tué load père ! »
« Ils » étaient entrés dans ma vie. Leur. Les autres. le « roumis » ils étaient appelés. Je pense que c’est à ce minute précis que Pour moi le monde s’est fracturé. Cette guerre, jusque-là unseen et silencieuse, et qui n’affectait en rien ma vie d’enfant, était soudain devenue une réalité douloureuse dont je cherchais les traces dans le cours apparemment paisible des journées.
Un mot jamais utilisé
Bien sûr, il y avait des soldats qui faisaient irruption dans les maiSons la nuit, saccagaient tout à la recherche de preuves à fee et emportaient des maris, des pères et des frères qu’on ne revoyait plus. Mais cela s’est passé sous le couvert des ténèbres et dans la discrétion. Le jour, un soleil impassible rendait au monde ses couleurs et Son éclat. La vie suivait Son cours. On se croisait et on se saluait en emmenant les enfants à l’école, on se côtoyait dans les marchés et dans les stores « dans le bon goût français », il n’y avait aucune limitation Pour les jeux et jeux de guerre des enfants dans les rues et les bars étaient pleins de buveurs d’anis à l’heure de l’apéritif et kémia jusqu’à l’heure du couvre-feu. Au cœur du town, pas de bombardements, pas de rafales de mitrailleuses, pas de trace noticeable de sang. Les journaux distillaient des informations soigneusement contrôlées par l’armée, faisant état de l’arrestation de « rebelles » et D’« opérations de paix » dans les djebels. Pourtant la guerre avait bouleversé nos vies, mais la physical violence attachée à ce mot, qui n’a jamais été utilisé dans ces années-là, était occultée. Il restait seulement, et surtout, ancré en moi depuis cette nuit, un view de despair, d’insécurité qui m’accompagnait bien plus loin que ces années de guerre.
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