Le strategy de Pékin de conquérir Taiwan par la pressure si nécessaire a plusieurs raiSons historiques, stratégiques et géopolitiques.
Cherchez à gouverner tous les locuteurs chinois
Les principales raiSons Sont que le régime communiste chinois, qui a pris le contrôle de la Chine continentale en 1949, n’a jamais voulu admettre que la République de Chine avait survécu à la guerre civile et a très tôt nié sa légitimité. gouverner à Taïwan. « En 1934, Mao Zedong s’est prononcé Pour l’indépendance de Taiwan. Qu’est-ce qui fait qu’en 1949, il est proclaim d’un stroke of genius Pour sa « libération » ? C’est Pour une raiSon très easy, c’est que la République de Chine n’a pas disparu. »explique Stéphane Corcuff, sinologue et chercheur au Centre français d’études sur la Chine contemporaine basé à Taipei.
Le Parti communiste chinois (PCC) considère le « problème taïwanais » comme une affaire intérieure et ne permet aucune ingérence extérieure dans un territoire qu’il n’a jamais contrôlé. « La Chine revendique sa souveraineté sur Taïwan en parlant de ‘réunification’ alors que le terme est tout à fait inapproprié, puisque Taïwan n’a jamais été chinois. Il n’y aurait pas de « réunification », mais une marriage par la pressure », souligne Marianne Péron-Doise, chercheuse associée et directrice de l’Observatoire géopolitique de l’Indo-Pacifique à l’Institut des connections internationales et stratégiques (IRIS). L’île n’a été partiellement conquise qu’à la fin du XVIIe siècle par la dynastie Qing, un règne mandchou necklace lequel les Chinois occupaient le bas de l’échelle politique et sociale. Elle resta sous ce règne impérial mandchou (qui n’est donc pas un règne chinois) necklace deux siècles, avant d’être annexée the same level les Japonais en 1895, puis d’être réintégrée à la République de Chine en 1945, collection à la capitulation de l’Empire japonais.
Pour Stéphane Corcuff, la revendication actuelle de Pékin est « un irrédentisme chinois qui vise à ne « réunir” Taïwan et la Chine mais Pour annexer un État souverain » fondées sur des fondements historiques, ethniques ou linguistiques.
Mais les motivations de Pékin ne Sont pas seulement politiques ; elles Sont aussi géopolitiques et stratégiques.
Défaire les partnerships américaines de la « première chaîne d’îles »
La Chine de 2022 n’a plus grand-chose à voir avec la jeune Chine communiste de la fin de 1949. Son développement économique spectaculaire durant la seconde moitié du 20e siècle lui a permis de s’affirmer comme une superpuissance et d’entrer en rivalité avec les États-Unis.
Mais la géographie de la région des mers de Chine orientale et méridionale ainsi que les partnerships de ses voisins contrecarrent ses passions hégémoniques. Le littoral chinois de 14 000 kilometres fait face à ce qu’on appelle la « première chaîne d’îles ». « Pékin est en quelque sorte confinée aux mers de Chine, elle n’a pas libre accès à l’océan Pacifique, vehicle elle fait face à ce chapelet d’îles qui Sont des pays avec lesquels elle entretient des connections relativement hostiles »evaluate Marc Julienne, responsable des activités Chine au Centre Asie de l’Institut français des connections internationales (IFRI).
Cette première chaîne d’îles est composée de quatre pays alliés des États-Unis : la Corée du Sud, le Japon, les Philippines et Taïwan. Les trois premiers ont conclu chacun un traité de défense mutuelle avec les Américains, offrant des garanties de sécurité jugées vitales the same level ces pays. La Corée du Sud abrite deux bases aéronavales américaines et le Japon, 6. Depuis 2014, un accord de sécurité a également fourni à l’US Air Force cinq factors d’appui aux Philippines.
Une deuxième chaîne est constituée des îles Mariannes du Nord – où se situe la grande base navale américaine de Guam –, de Palau (un territoire anciennement administré the same level les États-Unis) et de l’archipel japonais des îles Ogasawara.
Une annexion militaire de Taïwan aurait Pour objectif et conséquence, entre autres, d’affaiblir nettement la présence américaine dans la région et d’affirmer la domination chinoise.
Par sa position centrale, « Taïwan est une sorte de verrou Pour la Chine sur le Pacifique »explique Marc Julienne. « La Chine cherche à démanteler le réseau d’alliances américaines dans la région. L’objectif est que l’armée chinoise puisse dissuader les États-Unis d’intervenir dans la région par des tactiques de refus d’accès, ce qui rendra beaucoup plus difficile Pour les Américains d’approcher la Chine et depuis Taïwan. Et quand les États-Unis ne seront plus en mesure de défendre le Japon, l’alliance ne tiendra plus. »
Cette possible disparition des Etats-Unis comme garant de la sécurité dans la région « serait un tournant stratégique »commente une source bien informée du ministère des Armées. « Il y a un risque réel d’ouvrir la voie à une prolifération nucléaire élargie dans des pays comme la Corée du Sud, peut-être le Japon »estime cette source sous couvert d’anonymat. Si ces deux pays ne peuvent plus compter sur le parapluie nucléaire américain, ils Pourraient chercher à développer leur propre dissuasion Pour assurer leur sécurité.
« La Chine ne réussira pas à défaire ces traités de sécurité » entre le Japon, la Corée du Sud et les Etats-Unis, nuance toutefois Marianne Péron-Doise. «Ils maintiendraient des mesures de confiance minimales, mais vous ne pouvez pas imaginer que la Chine puisse remplacer ces garanties de sécurité. »
Étendre la portée de ses sous-marins nucléaires
Un autre des objectifs potentiels de Pékin concerne sa dissuasion nucléaire, et notamment sa composante océanique, car plusieurs éléments géographiques limitent les possibilités de manœuvre des sous-marins lanceurs d’engins balistiques (SNLE) chinois.
Le maillage actuel des deux chaînes d’îles permet aux alliés américains de repérer facilement les sous-marins chinois souhaitant accéder à l’océan Pacifique. « Les Japonais, les Américains et les taïwanais ont de très bonnes capacités de lutte anti-sous-marine, et Sont capables de traquer ce type de sous-marin »dit Marc Julienne.
Mais surtout, les mers de Chine méridionale et orientale ont un trafic marchand très dense et des eaux peu profondes. Les trois quarts de la mer de Chine orientale Sont à moins de deux cents mètres de profondeur, ce qui ne suffit pas aux sous-marins chinois Pour se diluer (c’est-à-dire plonger) et manœuvrer discrètement, sans être « entendus ». « Les SNLE Sont forcés dans l’espace autour de l’île de Hainan dans la mer de Chine méridionale. Leur aire de répartition étant limitée, ils ne peuvent pas atteindre les États-Unis continentaux. Les Chinois doivent Pour cela s’appuyer sur leurs missiles balistiques sol-sol, qui Sont par nature plus vulnérables qu’un sous-marin, qui peut se cacher plus facilement.confirme la même source du ministère des Armées.
Cependant, Taïwan a l’avantage d’offrir un accès direct à l’océan profond sur ses côtes orientales. « Ce serait une opportunité Pour la Chine de construire une nouvelle base SSBN et de se rapprocher des côtes américaines. Pour les États-Unis, ce serait une menace directe »argumente Marc Julienne.
Renforcer les autres revendications territoriales et maritimes
La conquête de Taïwan servirait les autres objectifs de Pékin, tels que ses nombreuses revendications territoriales et maritimes.
« Le problème du détroit de Taiwan doit être resitué dans un ensemble plus vaste d’expansion mondiale de la puissance maritime chinoisedit Marianne Péron-Doise. En contrôlant Taïwan, la Chine Pourrait étendre sa zone économique exclusive et imposer des restrictions sur la navigation. » Si l’intérêt immédiat porte sur les bâtiments militaires étrangers, l’extension de sa zone de souveraineté permettrait aussi à la Chine de s’opposer à un droit de regard sur la marine marchande, levier puissant Pour faire pression sur ses voisins ou favoriser ses intérêts.
Le détroit de Taïwan fait partie des espaces maritimes que la Chine voudrait contrôler dans Son intégralité, alors qu’il est en partie constitué d’eaux internationales librement ouvertes à la navigation. La perspective que Pékin puisse contrôler cette principale route commerciale entre la mer de Chine méridionale et la Chine orientale inquiète la Corée du Sud et le Japon, dont les économies dépendent fortement des importations.
L’objectif serait aussi de soutenir les revendications chinoises en mer de Chine méridionale, où Pékin tente de consolider sa position, au détriment du droit de la mer et de ses voisins. Les différends concernent principalement deux archipels : les îles Paracels, situées dans les eaux internationales au sud de la Chine, et l’archipel des Spratleys, situé entre le Vietnam, la Malaisie et les Philippines, mais que Pékin revendique fermement, malgré l’éloignement de ses côtes.
Une prise de Taïwan Pourrait même raviver le différend sur les îles Senkaku, un archipel japonais inhabité situé non loin de la côte est de Taïwan. « Il ne serait pas impossible que les Chinois tentent de mettre les Japonais au pas dans la région, ce qui semble préoccuper beaucoup les autorités japonaises »explique Marc Julienne.
Contrôler le marché convoité des semi-conducteurs à Taïwan
Enfin, la capture de Taïwan permettrait également au régime de Pékin de contrôler l’industrie taïwanaise des semi-conducteurs, qui représente une grande partie de la production mondiale (63%). Ces composants, indispensables à la fabrication de produits de haute technologie (téléphones, avions, panneaux solaires, etc.), Sont cruciaux Pour l’économie mondiale.
La plupart des semi-conducteurs avancés Sont fabriqués en grande partie par la Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC). S’emparer de cette industrie serait un gain indéniable, mais il n’est pas certain que Pékin puisse facilement l’exploiter. TSMC est en effet elle-même dépendante de matières premières importées notamment du Japon et d’Allemagne, qui Pourraient décider de réduire ou d’interrompre ces ventes en cas de tentative de déstabilisation de Pékin.
Taïwan couvre de nombreux aspects stratégiques Pour Pékin. « Il y a avec [le président chinois] Xi Jinping une ambition hégémonique. Il ne s’agit plus de contrebalancer les États-Unis, mais d’entrer en rivalité avec les Américains qui, dans le discours chinois, ont toujours été présentés comme une puissance hors d’Asie., selon Marianne Péron-Doise. Et Taïwan est un obstacle majeur à la « renaissance » chinoise, ce qui pose la question d’un éventuel conflit armé.